Aujourd'hui, nous sommes allés à la rencontre de l'organisation ACTU-LAN, qui répertorie et couvre tous les événements lan francophones.
Spootnik a ainsi accepté de réaliser un nouvel entretien.

JuliaN : Tout d'abord, pourrais-tu te présenter brièvement ? Quel a été ton parcours dans le monde "virtuel", c'est-à-dire dans le monde du sport électronique ? Quel est ton rôle exact au sein de l'organisation ACTU-LAN ?
Spootnik : Bonjour, je suis
Vincent "sp0otnik" Schneider, j'ai 22 ans, et suis chez ACTU-LAN depuis un peu plus d'un an. Côté sport électronique, j'ai beaucoup joué à Counter Strike, notamment avec
eXtreme-Gamers. Dernièrement, avec les membres du staff ACTU-LAN, nous nous étions mis à Left 4 Dead (chez
TANKBUSTERS) et nous avons accroché un top 3 à la Coupe de France, qui s'était tenue lors de la Gamers Assembly.
D'un côté plus rédactionnel, j'ai commencé chez CS-Fusion.com en 2005. Après avoir gravi les échelons, j'ai passé une année chez Esportsfrance pour finir par m'échouer dans l'ELC. Il s'agissait d'une ligue prometteuse qui nous offrait des salaires pour tenir un site d'actualité internationale. Malgré de solides personnalités (le suèdois
Nostra, qui quittait
MYM pour l'ELC) et de gros sponsors, le projet n'a pas pu voir le jour pour des raisons obscures. Depuis, je travaille pour ACTU-LAN, un site auquel je crois depuis mes débuts.
J'y occupe le poste officiel de "responsable du contenu". Disons que mon travail consiste à définir avec le rédacteur en chef quelle ligne éditoriale nous allons suivre, quel type d'information sera publiée sur le site, quels jeux seront traités... L'autre partie de mon travail revient à s'auto-critiquer en permanence de façon à toujours rester objectifs sur la qualité du contenu que nous proposons. Nous sommes ainsi pleinement conscients que le rythme des brèves n'a pas été suffisant sur cette fin de saison, en raison de nos examens respectifs. Nous travaillerons donc encore davantage afin de nous perfectionner pour l'an prochain.
JuliaN : Décris-nous un peu la structure de ton organisation, ses membres, sa date de création, ses objectifs fondamentaux...Est-ce une activité lucrative ou exclusivement basée sur le volontariat de ses membres ?
Spootnik : Le travail s'effectue d'une manière semblable à celle de tous les sites francophones traitant de l'actualité du sport électronique : il s'agit d'un bénévolat, en échange de quelques avantages. Par exemple, des "accès presse" dans les compétitions de grande renommée, des frais remboursés, des relations privilégiées avec les meilleurs joueurs et les sponsors. De plus, le site nous permet de pratiquer quotidiennement notre passion, qu'il s'agisse de la rédaction ou de la gestion de projets.
Ceci nous amène logiquement à l'organisation de l'équipe. Contrairement à Esportsfrance ou à team-aaa.com, nous avons fait le choix de compter sur une équipe restreinte, mais motivée.
Pirquessa, le créateur du site, prend les décisions importantes, s'occupe du développement de la plateforme et gère les relations avec les sponsors.
Vient ensuite l'équipe de rédaction, composée de
osk, rédacteur chef, et
Cali,
Rinhoc,
cyQ,
Guigz,
VoX et
Cybercraft. Reste le responsable des "lives",
Jam, épaulé par
Soldier. Ils sont aidés dans leurs publications par
Darkbinou.
Bloom gère le graphisme et les concours. Nous travaillons enfin avec des « anciens » d'ACTU-LAN, qui nous aident régulièrement :
Zaxe et
Xnoll.
Bien sûr, il s'agit là d'un découpage "officiel". Officieusement, nous travaillons tous main dans la main pour faire avancer le site. Il m'arrive ainsi de publier des brèves comme il arrive à
osk de travailler la ligne éditoriale...
Nos objectifs sont simples : donner une information différente à nos lecteurs, au risque d'être moins lus. Nos informations ne se ressemblent pas, nous allons à l'essentiel de l'actualité, en effectuant un écrémage dès la source. Nous tentons ainsi d'élargir notre champ d'activité. Sur ACTU-LAN, nous ne nous adressons pas uniquement aux joueurs "professionnels" ; nous souhaitons nous adresser à un plus large public, mais qui s'intéresse quand même un peu à la compétition. Nous publions des informations sur les jeux-vidéo à venir, sur le matériel, sur les compétitions... Mais cette information est triée selon nos goûts, les goûts de joueurs qui aiment la compétition, mais qui passent énormément de temps à s'amuser, tout simplement.
JuliaN : Comment peut-on arriver à une liste de d'évènements aussi fournie ?
Spootnik : Je pense que tout vient du relationnel que nos équipes de coverage ont su développer, en se déplaçant souvent, dans tous les types d'événements, et en travaillant autant pour nos lecteurs que pour les organisateurs des lans. Nous avons par exemple pendant longtemps publié une information précise sous la forme de tutoriels destinés aux « orgas » comme nous les appelons.
ACTU-LAN a dès ses débuts fait le choix de se déplacer dans les événements de petite taille. Jamais vous ne verrez d'autres sites faire un coverage d'une lan d'une centaine de personnes. Pourtant, nous continuons à défrayer des équipes qui assureront la retransmission de ce type de lans. Ceci car pour nous, les lans, ce ne sont pas uniquement les grandes compétitions avec les grandes équipes. Une lan, c'est avant tout un moment de complicité entre joueurs qui se retrouvent pour s'adonner à leur passion. Beaucoup de joueurs jouent pour s'amuser, même à Counter Strike, et aller se faire ridiculiser par de grosses équipes ne les intéresse pas.
Ils préfèrent participer avec leurs amis à de plus petits événements. C'est à ces petits événements que nous donnons, aussi, une visibilité. Parce que pour nous, la démocratisation et la perpétuation du gaming, ainsi que de l'esport, passe par là.
JuliaN : Que penses-tu de l’avenir du sport électronique en France ? Au début de l'année, la crise financière qui s’est abattue a provoqué l’arrêt brutal de certains sponsorings, ou encore l'arrêt de l'activité de certains hébergeurs (MD-SERV...). Aujourd'hui, l'avenir de l'esport s'éclaircit un peu, avec le fait que l'ESWC ait trouvé un repreneur (Sébastien Cosse). Livre-nous ton opinion personnelle.
Spootnik : Je fais partie des pessimistes. Pour moi, l'esport a raté une étape, et il n'est malheureusement plus à l'ordre du jour. Nous allons voir que ce n'est pas tout à fait vrai, heureusement, mais cela ne reste pas encourageant.
Nous n'arrivons pas à nous sortir de cette image de « geeks » boutonneux absorbés par leurs écrans. Preuve en est du reportage de TF1 lors de la Gamers Assembly. Un tri honteux des rushs pour finir sur un montage mensonger. Pire encore, ce qui se passe actuellement en Allemagne, où le parlement a voté une loi interdisant les jeux vidéo violents dans les lieux publics... c'est-à-dire que Counter Strike, qui est un "simulateur de meurtre", n'est plus jouable en lan. Tant que nous ne parviendrons pas à sortir de cette image négative, par exemple en utilisant une communication propre et centralisée à destination des médias nationaux, les sponsors autres que ceux qui investissent actuellement hésiteront à se lancer.
Second énorme point noir de l'esport mondial : l'absence de renouvellement des communautés. A l'heure actuelle, les développeurs de jeux vidéo tentent de sortir davantage de jeux "beaux graphiquement" que de jeux "bons". Nous nous retrouvons cantonnés, nous, joueurs habitués que nous sommes, sur quelques "blockbusters", certains d'netre eux parvenant à nous tenir en haleine lors de la campagne solo, mais le mode multijoueurs est raté ou bâclé. Il s'agit là, pour la plupart des développeurs, d'un bonus que l'on peaufine une fois le jeu terminé. Mais avec des budgets de plus en plus serrés et des temps de développement de plus en plus courts, les studios ne peuvent plus se payer ce luxe. Les jeux auxquels nous jouons sont donc composés d'une campagne faite pour plaire avant tout au débutant et d'un mode multijoueurs bâclé... mais ils sont de plus en plus beaux graphiquement parlant.
Rattachons ce phénomène à l'e-sport, et nous obtenons la situation actuelle : les jeux qui fonctionnent ont dépassé depuis des années déjà leur « date de péremption ». Counter Strike est hideux et Warcraft 3 n'en mène pas beaucoup plus large. Mais sans travail sur les jeux multijoueurs, pas de repreneurs à l'horizon.
Heureusement, tous les studios n'agissent pas comme cela. Ainsi, Blizzard et Valve, entre autres, continuent de sortir d'excellents titres orientés multijoueurs. Mais j'amène le cas de Valve volontairement. Essayez Counter Strike, puis essayez Counter Strike Source. Vous verrez une différence flagrante dans la qualité du gameplay. Passez ensuite sur Left 4 Dead et son AI Director, réputé pour équilibrer les parties et gommer les différences de niveau, et vous aurez la parfaite illustration de la tendance actuelle. Il y a 10 ans, un jeu uniquement "online" devenait la référence mondiale du FPS en équipe. Aujourd'hui, Left 4 Dead équilibre le stuff et les trousses de soin pour que les survivants plus faibles ne meurent pas trop vite, empêchant ainsi toute compétition... car aucune équipe ne peut, dans ces conditions, être la meilleure.
JuliaN : Crois-tu que le sport électronique français puisse se professionnaliser dans les années à venir ?
Spootnik : Comme je le disais avant, le sport électronique n'est, à mon avis, plus alimenté en nouveaux joueurs. En tout cas sur les jeux qui font qu'il arrive à vivre actuellement, aussi paradoxal que cela puisse paraître.
A mon humble avis, la crise financière laissera des traces. Les experts parlent d'une sortie de crise d'ici fin 2010, ce qui gèlera les investissements au moins jusqu'à début 2011. D'ici là, tout aura changé. Counter Strike n'existera certainement plus, Starcraft II sera sorti et aura, s'il tient ses promesses, remplacé Warcraft III. L'esport tel que nous le connaissons actuellement aura dans quelques années un paysage complètement différent.
Je pense qu'en effet la France pourra se professionnaliser. Mais cela passe par un travail qui devra débuter dès maintenant, autant au niveau des équipes qu'au niveau des sites d'actualité. Professionnaliser un secteur, c'est en partie faire ce qu'il faut pour travailler comme des professionnels. Ceci équivaut à travailler en échange d'un salaire, en échange de droits et de devoirs, en échange d'un contrat de Travail.
A l'heure actuelle, personne ne pousse dans ce sens ou presque. Les sites d'actualité n'ont pas les moyens de payer leurs rédacteurs, et les équipes n'osent souvent pas passer le cap, notamment à cause des taxes liées à l'embauche d'une personne.
Une équipe n'a en effet aucun intérêt à rémunérer ses joueurs, à part si elle est certaine de pouvoir les garder une saison entière en échange. La professionalisation se fera quand les mentalités auront changé, et que toutes les parties tenteront de faire de cette passion un métier.
JuliaN : Quels sont, selon toi, les jeux les plus porteurs pour le sport électronique ? Counter Strike ? Counter Strike Source ? Call of Duty ? Trackmania ? Explique-nous ton choix.
Spootnik : Pour le coup, je laisse la parole au rédacteur en chef du site, qui est bien plus au courant que moi.
Osk : Si on part du fait que Counter Strike 1.6 a déjà porté ses fruits, je dirais que l'avenir se tourne plus vers la plateforme console. Ce qui est le plus porteur à l'heure actuelle, c'est le compromis entre le grand public, avec les consoles de nouvelle génération, et la "culture gamer". Street Fighter IV est certainement le jeu le plus porteur du moment. Des millions de fans, un jeu parfait en tout point. Games Services aurait certainement fait une Coupe du monde sur ce hit, et c'est aujourd'hui en énoncant ce jeu, que la CPL prépare son retour. Après, reste World of Warcraft et Call of Duty, qui ont déjà un pied dans le circuit.
JuliaN : La saison sur Counter Strike va bientôt commencer, notamment avec les qualifications WCG France (au mois de Septembre). Quelles sont tes équipes favorites pour cette nouvelle saison ?
Osk : On risque de retrouver dans le carré final,
oXmoze,
Millenium,
eSport-Eu et probablement
D4 ou
eXtensive, qui sont les seuls à se distinguer derrière les 3 que je viens de citer. La compétition manquera de surprises, mais pas de suspense.
Pour le gagnant, si les
oXmoze se donnent les moyens, ils peuvent frapper fort.
JuliaN : Parlons maintenant des projets d'ACTU-LAN pour cette nouvelle saison qui s'annonce "explosive". Vous couvrez, depuis plusieurs années désormais, les principaux évènements lans. Quel sera le programme exact de ce début de saison, concernant les "LIVE" ? As-tu des choses particulières à signaler ? De nouvelles fonctionnalités ou un nouvel habillage pour le site internet sont-ils prévus ?
Spootnik : Concernant les coverages, nous nous rendrons, comme les années passées, à un maximum d'évènements. En ce qui concerne la liste, ce secteur est en plein chamboulement. Nous serons bien sûr présents lors des principales compétitions, et nous nous déplacerons sur des lans plus petites, en fonction de nos envies et des disponibilités de nos équipes.
Concernant le site, ACTU-LAN est en perpétuelle évolution. Nous travaillons en effet sur des mises à jour du site pour le rendre plus pratique et plus cohérent. Mais c'est ce que nous faisons en continu, depuis toujours. Pirquessa développe à plein temps... ou presque.
JuliaN : Par tradition, je te laisse conclure.
Spootnik : Et bien merci à toi pour l'interview. Merci aussi à l'équipe d'ACTU-LAN, pour laquelle ce n'est pas forcément facile tous les jours, mais qui s'accroche. Merci à nos sponsors (Esport-eu, Qpad, Original Textile...), qui nous permettent d'exister. Merci enfin à nos lecteurs, de plus en plus nombreux : c'est avant tout pour eux que nous travaillons.
Site Web ACTU-LAN : http://www.actu-lan.com/